Contribution à la concertation préalable du projet d’usine de production de cellules et modules de batteries électriques à Bourbourg porté par l’entreprise Verkor

Le Parti Communiste Français a comme objectif de supprimer les logiques marchandes capitalistes qui régissent notre société actuelle en mettant l’Humain au cœur des préoccupations politiques de la société.
Le PCF est favorable à une réindustrialisation du pays pour assurer une souveraineté nationale industrielle mais il est réticent sur les logiques de profit des entreprises.

Aussi serons-nous attentifs à la réalité de la déclaration d’intention selon laquelle « la production de batteries (et de ses composants) devrait entrer dans l’ère de l’industrie 5.0 », à savoir « l’ère dans laquelle les innovations industrielles sont dédiées à la durabilité, à la résilience et à l’émancipation humaines ». L’entreprise Verkor assure que « ses fondations s’appuient sur cette approche », c’est-à-dire une industrie « axée sur le respect des frontières planétaires, le développement de technologies adaptables et flexibles, et la promotion des talents de la diversités et de la responsabilisation », une industrie plaçant « le bien-être du travailleur au centre du processus de production ».

Dans ce cadre, et dans l’objectif commun de réindustrialisation de la France et de souveraineté industrielle, nous actons la nécessité d’un financement public conséquent, et sommes donc favorables aux 60 millions d’euros de subvention du projet Verkor par la région Haut-de-France. Cependant nous considérons qu’il faut des garanties solides de la part de Verkor en échange de cet argent public. Or l’engagement de l’entreprise Verkor de recruter ses futurs salariés de l’usine majoritairement au niveau local n’est pas une garantie suffisante pour nous. À l’instar de la population dunkerquoise, nous n’oublions pas la désillusion sur les promesses d’emplois locaux pour le terminal méthanier.

Nous pensons qu’en échange d’argent public, une entreprise se doit surtout d’être plus démocratique en donnant plus de pouvoir d’intervention de ses salariés dans les décisions de son conseil administratif, ce qui permettrait de mettre les travailleurs au centre de son processus de production. Par ailleurs, les aides publiques aux entreprises devraient être conditionnées à l’embauche et la formation de jeunes, dans un contexte de hausse alarmante de la précarité chez les jeunes. Aussi nous formulons le vœu que l’implantation de l’usine Verkor donne de réelles perspectives d’emplois pour les jeunes de notre territoire.

Concernant les promesses d’emplois, notre attention se porte en particulier sur les 2000 emplois indirects promis. Il s’agit surtout d’emplois avec des entreprises de sous-traitance. Or les sous-traitants du monde industriel ont tendance à négliger les conditions de sécurité de leurs employés, ainsi que leur formation, c’est pourquoi nous recommandons la plus grande vigilance de la part de Verkor afin d’éviter d’éventuels accidents du travail, ainsi que des problèmes de qualité et de sécurité d’exploitation sur son site.

Sur la grande campagne de recrutement et de formation aux nouveaux métiers liés à ce secteur, nous insistons pour une priorisation des reconversions professionnelles des emplois liés aux moteurs à combustion et des demandeurs d’emploi. Nous tenons d’ailleurs à alerter sur le manque de logements étudiants dans l’agglomération dunkerquoise qui pourrait nuire aux possibilités de formation. Plus généralement, la question du logement des futurs salariés de l’usine se posera également.

En matière de transport, nous sommes favorables aux idées et initiatives permettant de limiter le trafic routier, trafic routier dunkerquois déjà bien saturé, néanmoins cela nécessitera de la part des pouvoirs publics un investissement conséquent supplémentaire dans les modes de circulation doux, dans les transports en commun et surtout le ferroviaire.

Sur le raccordement de l’usine Verkor au réseau électrique, nous sommes plutôt favorables au scénario alternatif hybride de raccordement à un réseau de chaleur fatale produite par les industriels situés autour de la Zone Grandes Industries afin de diminuer les besoins énergétiques de l’usine au raccordement classique du réseau électrique.

D’ailleurs, au sujet de l’énergie, nous dénonçons le rideau de fumée de l’étatisation d’EDF pour en cacher sa privatisation par son démantèlement ensuite. EDF n’est pas une entreprise d’État. C’est un service public pour fournir, dans des conditions abordables, un bien de première nécessité aux populations et à la nation (donc à l’industrie). Là aussi donnons la parole aux salariés et aux usagers afin de travailler à l’élaboration d’un projet neuf de sécurité et de souveraineté énergétiques respectueuses des normes environnementales et de protection du climat.

Concernant la question de l’eau nécessaire au fonctionnement de l’usine, question essentielle à nos yeux, l’entreprise Verkor s’engage dans un programme de réutilisation des eaux pluviales et de recyclage de l’eau : c’est une annonce que nous saluons avec tout de même un point de vigilance sur la nécessité d’une surveillance optimale de la qualité des eaux souterraines de la nappe phréatique et des eaux usées.

À propos des matières premières, nous sommes particulièrement inquiets sur les conditions d’extraction des minerais indispensables à la fabrication des batteries électriques. Nous avons en tête l’exemple des mines de cobalt en République Démocratique du Congo où des enfants y travaillent dans des conditions ignobles. C’est pourquoi, nous demandons que Verkor soit très attentif à la provenance de ces matériaux et communique publiquement et régulièrement les noms de ses fournisseurs.

Enfin, le PCF est attaché à ce qu’aucune entreprise n’échappe par quelque moyen que ce soit, légal ou illégal, à l’impôt. Aussi nous serons attentif à ce que l’entreprise Verkor s’acquitte effectivement des différents impôts auxquels elle sera soumise : taxe foncière communale, contribution foncière des entreprises, cotisation sur la valeur ajoutée.

En conclusion, conscients des enjeux en matière de transition écologique et soucieux des impacts sociaux et environnementaux d’un tel projet, les communistes de la section PCF Dunkerque-Littoral sont favorables à l’implantation de l’usine Verkor à Bourbourg, avec les réserves liées aux points de vigilance évoqués précédemment, notamment sur les questions d’emplois et de formation, mais aussi sur les questions liées aux besoins en énergie, en eau et en matières premières.

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