A moins de dix jours de la conférence mondiale sur le climat (COP 27) qui se tiendra à Charm-El-Cheikh (Egypte), le bilan de l’année écoulée est des plus catastrophique. L’année 2022 a été marquée sur la planète par une multitude de canicules, d’incendies, d’inondations et d’ouragans.

Dès le printemps, les populations d’Inde et du Pakistan ont subi des températures extrêmes dépassant les 50°C et rendant la vie insupportable pour les êtres humains comme pour les animaux. Au cours de l’été, une grande partie de l’hémisphère Nord a été touchée par une sécheresse historique. La France a connu une succession de périodes de canicule engendrant des incendies, un assèchement jamais vu des sols, une forte baisse des ressources en eau et un effondrement des rendements agricoles. La Chine a pâti d’une aridité et d’une chaleur exceptionnelles qui a poussé le pouvoir à déclencher une alerte nationale ; aux États-Unis, la moitié du territoire a été touché par des sécheresses allant jusqu’à l’aridification de l’Ouest américain.
Dans la corne de l’Afrique la sécheresse sans précédent est passée sous silence depuis des mois alors qu’elle pousse de plus en plus de personnes vers des niveaux alarmants d’insécurité alimentaire. Désormais, la famine menace la Somalie.

Après les températures extrêmes, fin septembre le Pakistan a été frappé par de terribles inondations. Un tiers du pays est sous les eaux, 33 millions de personnes ont été touchées ; elles ont vu disparaître leur maison, leur bétail et leurs récoltes. Plus de 1 700 personnes dont 528 enfants ont perdu la vie et le décompte morbide risque de s’aggraver face à la catastrophe de santé publique qui s’annonce avec des risques d’épidémies de choléra, de paludisme et de dengue qui viennent s’ajouter aux difficultés à se procurer de la nourriture.
A l’image des trois premiers trimestres 2022, l’automne est marqué par des phénomènes dus au dérèglement climatique. L’ouragan Ian a frappé durement Cuba et engendré des dégâts matériels considérables. Grâce à la politique de prévention mise en œuvre sur l’île, le nombre de victimes a été limité, ce qui n’est pas le cas en Floride où Ian a poursuivi son chemin fauchant près d’une centaine de personnes. Les Philippines connaissent ces jours-ci inondations, glissements de terrains et se préparent à l’arrivée d’une tempête tropicale. En France, nous observons depuis plusieurs jours des températures anormalement élevées.

L’énumération de ces phénomènes climatiques hors normes est sans nul doute loin d’être exhaustive. Ils sont de plus en plus fréquents et intenses ne laissant pas le temps à la terre et aux populations de récupérer. Les cris d’alerte des scientifiques et des peuples aux gouvernements sont sans effet. L’inaction de ces derniers est patente. Le temps n’est plus aux annonces grandiloquentes mais est à celui des actes ! La Première ministre, Elisabeth Borne, a lancé le 21 octobre dernier le Conseil national de la refondation (CNR) climat et biodiversité dédié aux problématiques de transition écologique. Mais comme souvent il n’y a rien à attendre de cette grand-messe. Continuer à faire croire qu’un « capitalisme vert » existerait participe à fourvoyer les peuples au bénéfice des grosses fortunes.

Il est impératif de changer de société. La recherche absolue du profit, l’exploitation de la terre et des humains est le fondement du capitalisme, il ne peut en aucun cas répondre à l’urgence climatique. La quasi-totalité de ce dérèglement est due aux activités humaines dans le cadre du système capitaliste dans lesquelles elles s’inscrivent. La relation que le capitalisme a instauré avec le vivant et les équilibres planétaires autorisant l’appropriation et l’exploitation des ressources naturelles est désormais en première ligne des remises en question. La réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui proviennent à 80 % des pays du G20, doit être immédiate et soutenue dans le temps. Ce sont les pays les plus industrialisés et les plus riches qui portent la lourde responsabilité du bouleversement climatique. Leurs transnationales et entreprises installent les industries les plus polluantes au Sud, tout en exploitant toujours plus les travailleurs et en accaparant les ressources et les richesses des pays pauvres.

Agir sur le climat exige d’avoir le courage et surtout la volonté de repenser la société, ses modes de transport, de production et de consommation, d’alimentation, d’agriculture, de travail… les champs d’action sont larges. Sortir de la logique du profit de quelques-uns au bénéfice de l’intérêt de tous est la seule boussole à suivre pour agir contre le dérèglement climatique. Pour cela, il est nécessaire de réorienter l’argent. Abonder à hauteur de 100 milliards de dollars par an le Fonds vert pour le climat mis en place par l’Onu pour aider les pays les plus vulnérables n’a toujours pas été concrétisé par les pays riches. Des sommes qui ne sont pourtant pas exorbitantes pour ces derniers, quand on voit que l’Allemagne a choisi d’allouer 107 milliards d’euros à la modernisation de son armée.

En outre, aux actions pour contenir le dérèglement climatique doivent s’ajouter des politiques d’adaptation aux risques. L’accélération du bouleversement a des conséquences incalculables ; elle est la cause notamment des phénomènes de migrations considérables. Face à la montée des eaux, à l’appauvrissement des sols ou aux températures extrêmes, des populations sont contraints de quitter leurs terres pour survivre. À ce jour, environ 70 millions de personnes ont déjà dû se déplacer et les études montrent que d’ici 2050 elles seront près de 200 millions. Il faut dès maintenant réviser les conditions d’attribution du statut de réfugiés pour que ces personnes puissent bénéficier partout d’un accueil digne.

Dans dix jours débutera la COP 27. On peut s’interroger sur l’efficacité de ces réunions internationales qui additionnent des politiques nationales et qui se révèlent sans aucune efficacité. Une gouvernance globale, dans le cadre des agences de l’ONU, des questions qui touchent l’ensemble du monde apparaît de plus en plus comme une urgente nécessité. En attendant, un accord global, contraignant sur le plan juridique et différencié selon les responsabilités, est la seule décision à prendre. Alors que les yeux et les esprits se tournent vers l’Ukraine et les répercussions énergétiques de la guerre déclenchée par le dirigeant russe Poutine, tout semble indiquer que rien de positif et à la hauteur des attentes ne sortira de cette conférence. Les communistes devront tout à la fois porter le débat idéologique pour se défaire de la conception naturaliste qui considère que l’homme doit se rendre maître et possesseur de la nature au fondement de l’exploitation sans retenue des ressources naturelles. Ils seront aussi présents et acteurs dans toutes les mobilisations pour lutter contre ce bouleversement climatique. Ils et elles devront porter haut nos propositions pour préserver la planète et l’avenir de l’humanité.

 

Méline Le Gourriérec
membre de la commission des relations internationales du PCF